Les droits des homosexuels dans les pays africain. Tel était le thème principal d’une conférence qui a eu lieu du 10 au 12 novembre à Durban, en Afrique du sud. Najeeb Fokeerbux, de l’association Young Queer Alliance, était présent et nous parle de cette rencontre.

Vous avez participé à la Conference on litigating to decriminalize homosexuality in Commonwealth Africa. Pourquoi était-ce important pour vous d’y assister ?

Cette conférence était organisée par différentes organisations telles que l’Open Society Foundation, le Human Dignity Trust (HDT) et l’université du KwaZulu-Natal. Elle avait pour but de réunir les différents acteurs de la société civile (activistes, membres d’ONG, juristes et avocats) qui militent pour les droits des lesbiennes, gay, bisexuels et transsexuels (LGBT). Les participants étaient issus de plusieurs pays du Commonwealth, dont l’Inde, la Jamaïque, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et Maurice. En tant que militant et activiste des droits des LGBT à Maurice depuis quelques années, je représentais la Young Queer Alliance, une organisation des jeunes LGBT dans l’île.

Qu’attendiez-vous de cette rencontre ?

J’ai participé à cette conférence dans l’optique d’élargir mon horizon aux différentes stratégies d’activisme et d’engagement qui pourraient permettre d’aboutir à la décriminalisation de l’homosexualité à Maurice. Je cherchais aussi à comprendre comment les procédures judiciaires peuvent être utilisées pour obtenir l’égalité en droit pour les LGBT. Il ne faut surtout pas oublier que les lois homophobes en vigueur dans les pays du Commonwealth émanent principalement de l’héritage colonial anglais. C’est l’homophobie qui a été importée de l’Occident, pas l’homosexualité.

Qu’avez-vous appris lors de la conférence ?

J’ai appris que, malgré l’homophobie persistante en Afrique, l’action des organisations qui militent pour les droits des homosexuels a un impact. C’est grâce à cela que l’Afrique du Sud est aujourd’hui considérée comme le pays le plus respectueux des droits des LGBT en Afrique. En Inde, c’est le gouvernement lui-même qui a formulé un recours, fin 2013, après que la Cour suprême a annulé l’abrogation, décidée en 2009, de la loi pénalisant l’homosexualité. J’ai aussi beaucoup appris sur la reconnaissance des organisations LGBT en Afrique.

Le HDT, une organisation anglaise experte en matière juridique sur la reconnaissance des droits des homosexuels, nous a guidés pour comprendre les conventions internationales portant sur les droits humains. Cette ONG nous a montré comment faire appel aux instances internationales et régionales pour combattre la pénalisation de l’homosexualité. Le HDT s’est, par ailleurs, engagé à apporter  son expertise aux différents pays.

Comment se situe Maurice, selon vous, par rapport à l’homophobie ?

L’homophobie est, certes, persistante dans le pays. Mais Maurice, pays de convergence des cultures, se défend bien en matière de reconnaissance des droits des homosexuels, bien que l’article 250 du code pénal soit toujours en vigueur et qu’il existe une forme d’homophobie «institutionnalisée» dans les corps publics et parapublics. La première tentative de décriminaliser l’homosexualité date de 2007, avec la présentation du Sexual Offences Bill. Puis, l’Employment Rights Act, l’Employment Relations Act et l’Equal Opportunities Act ont été votées avec des dispositions qui rendent illégale la discrimination envers les homosexuels. Enfin, depuis 2011, Maurice est signataire de la résolution du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur les droits humains, l’orientation sexuelle et l’identité du genre. À la même époque, Paul Bérenger, alors leader de l’opposition, a affirmé au Parlement qu’il soutenait fortement les droits des homosexuels.

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